Soldats et diplomates de France
13 Janvier 2021
L’audition des Ministres Florence Parly et Geneviève Darrieusecq, hier soir au sein de la Commission de la défense nationale et des forces armées a été particulièrement chargée en questions, interrogations, et incertitudes.
La Ministre des armées a débuté son propos liminaire sur l’année 2020. « La crise sanitaire qui a bouleversé notre quotidien, n’a pas mis à mal les combats de la France. La lutte contre le terrorisme s’est poursuivie sans relâche, sur le territoire national avec l’opération Sentinelle (…) avec un dimensionnement de 3000 à 7000 militaires, mais aussi au Sahel. Au Sahel ou 5100 militaires français sont déployés. Nous continuons de désorganiser les groupes armées terroristes, notamment en éliminant des responsables clés de ces organisations, comme nous l’avons fait avec l’émir d‘Al-Qaeda au Maghreb islamique en juin 2020. Depuis un an conformément aux souhaits du Président de la République, nous concentrons nos efforts sur l’affaiblissement de l’Etat islamique au Grand Sahara et la filiale sahélienne de Daech. L’opération Bourrasque que nous avons conduite entre le 28 septembre et le 1 novembre 2020, a notamment permis de perturber la logistique des groupes terroristes et permis la saisie de très nombreux matériels (…) ou bien encore la composante d’engins explosifs improvisés. Sans compter les nombreux terroristes qui ont été mis hors de combat. C’est une opération intégrée qui a été menée conjointement par 3000 soldats : 1600 soldats français et 1400 soldats des forces partenaires nigériennes et maliennes, ainsi que des moyens aériens français et alliés. Je les cite : Britanniques, Espagnols, Américains et Danois. Et c’est d’ailleurs à cette occasion que la Task Force Takuba a été engagée dans sa première opération d’envergure. Cette opération a participé au retour de l’administration dans la zone des trois frontières. Au Sahel, la solution n’est pas seulement militaire. On ne combat pas le terrorisme seulement avec des armes. Le seul rôle en définitive de l’action militaire, est d’ouvrir la voie et de créer un espace pour l’action politique, le retour de l’Etat et pour le développement. C’est cela que nous avions acté au sommet de Pau, le 13 janvier 2020. Nous aurons l’occasion avec le sommet de N’Djamena, prévu mi-février, de dresser le bilan des efforts qui ont été initié au sommet de Pau, de consolider les partenariats stratégiques avec les acteurs régionaux, européens et internationaux, et puis de maintenir cette dynamique de coopération notamment au sein de la Coalition pour le Sahel. »
« Au levant, nous avons près de 900 militaires qui restent engagés au sein de l’opération CHammal et qui continuent de lutter contre Daech au sein de la Coalition internationale. Pars ailleurs, je vous annonce que la prochaine mission du porte-avions Charles-de-Gaulle sera de renforcer notre dispositif dans le cadre de l’Opération Chammal. Le Groupe aéronaval se déploiera donc au premier semestre 2021 en Méditerranée et dans l’Océan Indien. Cet engagement démontre notre volonté de lutter en permanence et sans conditions contre le terrorisme. »
Sur la République Centrafricaine : « aujourd’hui nous avons près de 300 militaires français qui y sont déployés. Certains participent à la formation des forces armées centrafricaines, dans le cadre de la mission européenne EUTMRCA, d’autres apportent à la mission des nations unies, la MINUSCA. Et vous avez observé que samedi 9 janvier, à la demande du président Touadéra et en appui de la MINUSCA, le président de la République a ordonné une seconde mission de survol du territoire centrafricain par des avions de chasse français, après la première mission qui avait eu lieu le 23 décembre. Cette mission visait à affirmer notre détermination à appuyer les efforts de normalisation qui sont portés par la communauté internationale. (…) Elle a eu des effets immédiats, notamment dans la région de Bouar où les combats se sont arrêtés ».
« Enfin je ne peux pas achever ce tour d’horizon, sans réaffirmer toute la vigilance des armées Française en Méditerranée. (…) Par ses actions nationales comme à travers sa participation à l’opération IRINI, conduite par l’UE, la France défend le droit international, la France défend le principe de libre navigation, face à des acteurs qui n’hésitent pas à les remettre en cause. »
Sur les menaces et défis qui nous guettent face à un monde dangereux. « La France doit plus que jamais promouvoir une convergence de vue et d’actions européennes. C’est la seule manière de faire face à des menaces qui se présentent à nous Français et Européens. » Sera publié prochainement un travail d’actualisation de l’analyse géostratégique. Ces travaux « prendront la forme d’une nouvelle version de la Revue stratégique » de 2017 « revue à l’aune des événements qui ont marqué ces trois dernières années. »
Pour l’année 2021, cinq priorités pour la Ministre :
Cette audition, au-delà des questions, aura fait l’objet d’un moment de tension entre Françoise Dumas et Alexis Corbière. Ce second s’étant indigné de la « méthode » de travail de la Commission de la défense nationale. En revenant sur le Sahel et la stratégie française, il a déclaré : « il y a un objectif politique qui n’est pas compris par la population, et par le parlementaire que je suis, c’est une des tares de notre Ve République et y compris une faiblesse de cette commission que nous ne discutons pas politiquement de ce que nous faisons là-bas, et des voies que nous cherchons à mettre en place et des éventuels succès ou échecs par rapport à un objectif politique. (…) L’armée et la force, ne sont qu’un élément du dispositif politique, et donc il est temps d’en parler. (…) N’est-il pas temps d’avoir un débat sur les objectifs que nous poursuivons de l’opération barkhane, les étapes où nous en sommes et les voies à mettre en œuvre pour nous en sortir avec nos alliés. » Un passage qui a interloqué la présidente Françoise Dumas ce qui a donné lieu à un échange virulent, comme cela se fait naturellement en politique :
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